Inégalités entre les enfants, la France pointée du doigt par l’Unicef
L’Unicef lance jeudi 14 avril, un rapport sur les inégalités entre les enfants dans les pays riches. Comment l’avez-vous réalisé ?
Sébastien Lyon : C’est le 13e rapport réalisé par Innocenti, le « think tank » de l’Unicef, basé à Florence. Il examine les inégalités entre les enfants dans quatre domaines : l’éducation, la santé, les revenus et la satisfaction individuelle de ces enfants. Pour cela, les chercheurs se basent sur des données statistiques vérifiables, notamment celles fournies par Eurostat et l’OCDE. La nouveauté cette année, c’est que le rapport prend également en compte des données déclaratives auprès d’enfants qui ont porté un avis sur leur satisfaction individuelle et leur santé.
Le rapport mesure les inégalités entre les 10 % d’enfants les moins biens lotis et ceux qui se situent dans la moyenne. Cette méthode permet d’évaluer le décrochage des plus vulnérables. Ce rapport est lancé simultanément dans tous les pays où l’Unicef est implanté. En France, il est remis à quatre ministres et donnera lieu jeudi 14 avril à un débat à la Bibliothèque Nationale de France.
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Quelles sont les constatations pour la France ?
S.L. : Les résultats sont surprenants. Concernant les inégalités de revenus, la France est au 13e rang sur les 37 pays riches pris en compte. C’est un résultat moyen. Mais, si on enlève les transferts sociaux, nous sommes beaucoup plus mal classés. Cela prouve que les amortisseurs sociaux ont, en France, une vraie efficacité pour les familles les plus vulnérables. Il faut donc les conserver. Ce n’est pas le cas dans tous les pays étudiés.
En revanche, en matière d’égalité dans l’éducation, la France se situe au 35e rang, c’est-à-dire à deux places du dernier. Notre système éducatif est l’un des mieux lotis dans le monde, mais il semble très moyennement performant. La politique de l’éducation en France doit être plus ciblée sur les enfants en échec scolaire.
D’une manière générale, le rapport montre que les politiques publiques françaises laissent de côté les plus vulnérables, en ne prenant pas en compte les spécificités de ces populations.
L’éducation est une clé. Un enfant qui réussit à l’école va déclarer beaucoup plus facilement être satisfait de sa vie. À l’inverse, les difficultés scolaires vont influer sur sa vision de son existence. Les inégalités s’accumulent.
Concernant le cas français, nous sortons également chaque année une « consultation des enfants » à partir d’une enquête en 150 questions auxquelles répondent de 15 000 à 20 000 enfants.
Quels sont les autres enseignements de ce rapport 2016 ?
S. L. : Le taux de satisfaction des enfants n’est pas uniquement lié au revenu des parents. Par exemple, la Grèce se classe au quatrième rang des pays riches en termes de bien-être des enfants. Un excellent rang, qui peut surprendre, au vu de la crise économique. D’autre part, les pays réputés les plus riches, comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Suède, sont en queue de peloton, quand il s’agit d’évaluer l’égalité des revenus entre la moyenne et les 10 % d’enfants les plus pauvres.
Ce rapport met aussi en lumière l’inégalité entre les garçons et les filles. 15 % des garçons âgés de 15 ans estiment ne pas être satisfaits de leurs vies. Ce pourcentage monte à 30 % pour les filles du même âge. La différence est donc du simple au double. Dans notre enquête annuelle en France, nous constatons depuis cinq ans que le malaise des adolescents s’amplifie. Nous mettons en lumière, par exemple, la hausse du harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux. 40 % des enfants, et surtout des filles, déclarent avoir été harcelés sur les réseaux sociaux. C’est un phénomène dont on ne parle pas assez.
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