Grand oral : Bac 2021
Le texte relatif au contenu et à l’organisation du Grand oral, épreuve finale du baccalauréat à compter de la session de juin 2021, a été publié le jeudi 13 février au Bulletin officiel du Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Selon le Ministère « cette épreuve a été conçue pour permettre au candidat de montrer sa capacité à prendre la parole en public de façon claire et convaincante. Elle lui permettra aussi d’utiliser les connaissances liées à ses spécialités pour démontrer ses capacités argumentatives et la maturité de son projet de poursuite d’études, voire professionnel. » Cependant, certains spécialistes stigmatisent déjà cette épreuve qui risque de creuser les inégalités. Décryptage.
QU’EST-CE QUE LE GRAND ORAL ?
Le grand Oral est l’une des cinq épreuves terminales de l’examen du baccalauréat. Il est obligatoire pour tous les candidats qui présentent le baccalauréat général et technologique. Il est noté sur 20 et est valorisé par un coefficient 10 pour le bac général et un coefficient 14 pour le bac technologique
QUEL EST LE DÉROULEMENT DE L’ÉPREUVE ?
L’épreuve dure 20 minutes avec 20 minutes de préparation. Le candidat présente au jury deux questions qui portent sur ses deux spécialités, soit prises isolément, soit abordées de manière transversale en voie générale. Pour la voie technologique, ces questions s’appuient sur l’enseignement de spécialité pour lequel le programme prévoit la réalisation d’une étude approfondie.
Le jury choisit une de ces deux questions. Durant la préparation de 20 minutes, le candidat peut créer s’il le souhaite un support (qui ne sera pas évalué) à donner au jury.
L’épreuve se déroule en 3 temps :
- Pendant 5 minutes, le candidat présente la question choisie et y répond. L’exposé se déroule sans note et debout, sauf aménagements pour les candidats à besoins spécifiques.
- Ensuite, pendant 10 minutes, le jury échange avec le candidat et évalue la solidité de ses connaissances et ses compétences argumentatives. Ce temps d’échange permet à l’élève de mettre en valeur ses connaissances, liées au programme des spécialités suivies en classe de première et terminale.
- Les 5 dernières minutes d’échanges avec le jury portent sur le projet d’orientation du candidat. Le candidat montre que la question traitée a participé à la maturation de son projet de poursuite d’études, et même pour son projet professionnel.
QUELLE EST LA COMPOSITION DU JURY ?
Le jury est composé de deux professeurs de disciplines différentes, dont l’un représente l’un des deux enseignements de spécialité du candidat et l’autre représente l’autre enseignement de spécialité ou l’un des enseignements communs, ou est professeur-documentaliste.
QUELS SONT LES CRITÈRES D’ÉVALUATION ?
L’épreuve est notée sur 20 points. Pour le Ministère, le jury évalue « la solidité des connaissances du candidat, sa capacité à argumenter et à relier les savoirs, son esprit critique, la précision de son expression, la clarté de son propos, son engagement dans sa parole, sa force de conviction. »
La forme sera également sans doute prise en compte : tenir des propos clairs, avec une prise de parole affirmée, capacité à susciter l’intérêt du jury en donnant vie à votre discours, choix du lexique adapté…
QUAND SERA PRÉPARÉ LE GRAND ORAL ?
Tout comme les 54h d’accompagnement à l’orientation, aucun horaire n’est prévu pour la préparation du grand oral » Selon Cyril Delhay auteur du rapport sur le grand oral paru en juin dernier , la préparation de cette épreuve pourrait être confiée à des « référents volontaires de l’oral » en « charge de coordonner les projets de l’établissement en matière d’oral et leur progressivité tout au long du cursus en veillant à fédérer les talents et les énergies ». Durant l’année scolaire « il est recommandé que l’épreuve orale fasse partie du contrôle continu de l’année de terminale en spécialité ; il pourrait être utile qu’une heure au minimum, sur les six heures hebdomadaires de spécialité, soit fléchée pour sa préparation, ce temps d’enseignement se répartissant entre entraînements réguliers au long cours et entraînements intensifs au troisième trimestre ». C’est donc surtout au 3e trimestre de l’année de terminale, après les épreuves terminales de mars portant sur les deux enseignements de spécialité, que ce grand oral sera préparé.
CETTE ÉPREUVE RISQUE T-ELLE DE CREUSER LES INÉGALITÉS ?
C’est une crainte partagée par beaucoup d’enseignants qui ne voient pas comment préparer concrètement une classe de 35 élèves à l’éloquence et à la rhétorique. Ils sont également nombreux à reconnaître qu’ils n’ont pas été formés à cet enseignement. Pour Pierre Merle, sociologue spécialisé dans l’éducation, cette épreuve risque de creuser les inégalités : «Les pratiques d’expression orale sont fortement liées aux codes sociolinguistiques (niveau de maîtrise lexicale, syntaxique et grammaticale), maîtrisés différemment selon les milieux sociaux, et ces codes sont plus restreints parmi les enfants de catégories populaires.»
Pour La FCPE Herblay, introduire davantage d’oral dans le baccalauréat est une idée intéressante dès lors que des moyens sont associés pour préparer convenablement les élèves à cette épreuve. Enseigner la prise de parole doit faire partie de la formation initiale et continue des enseignants. Cette compétence ne doit pas être laissée au bon vouloir d’enseignants volontaires, pire aux officine privées déjà nombreuses sur ce nouveau marché. En tant que représentants de parents, nous devons exiger que des heures soient réellement dédiées à cette préparation sur tout le cycle du lycée et non pas simplement à partir du mois d’avril de l’année de terminale !
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